La nouvelle fait couler beaucoup d’encre et de salive, donnant lieu à de nombreux commentaires et réactions surtout dans les médias en ligne et réseaux sociaux.
Nombreux sont ceux-là qui accusent cette université de vouloir introduire des cours de sorcellerie dans son programme. On s’imagine déjà Poudlard version africaine et pire encore, dans un pays réputé être à forte majorité chrétienne.
Ceux-qui lisent cet article s’interrogent sûrement de l’opportunité de revenir sur cette question sur ce site. Eh bien, pour répondre à cette question, on doit peut-être rentrer à définition des termes patrimoines matériels et immatériels selon la terminologie employée par l’Unesco.https://ich.unesco.org/fr/qu-est-ce-que-le-patrimoine-culturel-immateriel-00003
Ainsi donc on peut lire ceci sur le site de l’Unesco : Ce que l’on entend par « patrimoine culturel » a changé de manière considérable au cours des dernières décennies, en partie du fait des instruments élaborés par l’UNESCO. Le patrimoine culturel ne s’arrête pas aux monuments et aux collections d’objets. Il comprend également les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants, comme les traditions orales, les arts du spectacle, les pratiques sociales, rituels et événements festifs, les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel.
C’est plutôt : « les connaissances et pratiques concernant la nature et l’univers ou les connaissances et le savoir-faire nécessaires à l’artisanat traditionnel » qui nous intéresse car comme l’a su bien expliquer le Vice-recteur de cette université, ceci englobe les connaissances endogènes en termes de pharmacopée, d’aliments traditionnels des peuples et de gestion de l’espace de vie et de ressources naturelles.
Beaucoup ont rêvé de donner aux connaissances locales un rôle important et surtout officiel dans le maintien des équilibres socio-culturels de nos sociétés ; mais l’initiative de l’Université de la Zambie non seulement fait progresser de façon considérable cette démarche mais également replace tout ce savoir/patrimoine local dans le contexte de la recherche classique qui pendant des lustres n’a fait que considérer certains aspects dudit patrimoine.
Il ne reste qu’à espérer que l’initiative de cette université ne va se limiter à présenter, à analyser et à documenter ce patrimoine qui d’ailleurs tombe dans l’oubli et intéresse très peu les nouvelles générations poussées par la mondialisation et le conformisme socio-culturel des villes ; mais va aider à faire revivre ce patrimoine, cette connaissance endogène qui peut encore surprendre par son efficacité même de nos jours.
La grande question serait de savoir par quels mécanismes, l’université qui est un milieu éloigné des cercles d’influence de ce patrimoine pourra jouer ce rôle? Car le plus important serait de redonner vie à ce patrimoine…pas seulement à travers une mémoire bibliographique mais à travers son usage.
C’est à ce niveau que doit se construire une collaboration étroite entre d’une part les communautés, les détenteurs de ce savoir, les étudiants et autres structures et organisations qui pendant longtemps ont œuvré au maintien de se savoir et maîtrisant les problématiques liées à pérennisation de ce patrimoine.