Depuis le mois de juin 2017, les autorités du territoire et des chefferies Rubenga et Ntambuka ont commencé la lutte contre la boisson fortement alcoolisée Kanyanga qui absorbe la production du manioc dans le territoire d’Idjwi. Lors de nos passages dans le milieu en mission de suivi, nous avons eu des entretiens avec les acteurs de la société civile, notamment les associations qui se plaignent de la confiscation du manioc par l’industrie alcoolique qui a pris de l’ampleur dans le territoire. Au cours d’une réunion de conseil de sécurité sous la conduite de l’administrateur de territoire, il a été décidé d’une descente de tous les membres du conseil de sécurité dans les points identifiés de préparation de ces boissons. Accompagnés par les éléments de la police, ils ont procédé à la destruction de toutes les installations à travers le territoire. Comme si cette première action d’envergure ne suffisait pas, il y a eu des récalcitrants et d’autres n’avaient pas été atteints continuaient leurs activités. Un deuxième conseil local de sécurité a été convoqué pour radicaliser les mesures prises. Il a été décidé alors ce qui suit : « toute personne qui sera attrapée en train de préparer la boisson fortement alcoolisée à base de manioc, quiconque sera attrapé en train de vendre ladite boisson, quiconque sera trouvé en train de transporter et celui qui sera pris en train de boire cette sorte de boisson sera arrêté et soumis à des fortes amendes avant d’être déféré au parquet près le tribunal de paix ». Ce message avait été diffusé plusieurs fois à la radio communautaire locale.
Les fabricants de la boisson fortement alcoolisée appelée Kanyanga achetaient le manioc sur le champ ou achetaient toute la quantité disponible sur le marché. Le manioc devenait de plus en plus rare et le prix de la mesure de la farine de manioc avait sensiblement augmenté jusqu’à 1800FC. Ce qui a rendu l’accès difficile à cet aliment de base. Sur un autre plan, il y avait de plus en plus d’ivrognes oisifs dans le territoire : les hommes ne travaillaient plus, ne prenaient plus soin de leurs famille, la malnutrition devenait prononcée et les actes de banditismes se commettaient de plus en plus. Après les mesures radicales prises par les autorités le prix de la mesure de la farine a commencé à descendre : le lendemain la farine était encore un peu rare, mais s’achetait déjà à 1500FC la mesure. Le jour suivant la farine devenait disponible dans le milieu et la même mesure s’achetait à 1200FC.